ouled-Djellal-histoire-culture-hospitalité-savoir-Pierre Bénite-pedagotec
-
OULED-DJELLAL
- Par Brahim BOUMEDIEN
- Le 23/08/2013
- 3 commentaires
OULED-DJELLAL
(par Ahmed BOUJEMLINE dit Abderrezak)
Cette présentation a été faite le 15 juin 2013, à Pierre Bénite (Lyon) par notre ami Ahmed BOUJEMLINE, en présence des élus locaux de la mairie qui recevaient une délégation de leurs homologues algériens d’Ouled-Djellal, en vue d’un jumelage des deux villes. Il est à signaler que le groupe qui a présenté la ville était constitué d’autres éléments dont M. FOUIL Athmane qui ont grandement contribué à ce que cette rencontre soit enrichissante à plus d’un titre, en intervenant dans les domaines qui sont les leurs.
1-Histoire
Ouled-Djellal serait née à partir d'une oasis berbère (selon le senatus-consulte) à côté du limes (sorte de mur frontalier romain) qui donna lieu, par la suite, à une ville portant le nom, semble-t-il, de l'un de ses premiers habitants « Jellel » .Le mot veut dire harnachement, ornement (décoration) des selles de chevaux, métier qu'exerçait celui-ci.
Cet homme avait la réputation, d’être hospitalier et généreux, particulièrement envers les visiteurs en quête de savoir.
Ces valeurs, transmises de génération en génération ont fait dire, plus tard, à tous ceux qui ont eu l'occasion de séjourner dans cette ville, que « l'on y vient à contrecœur, et que l'on repart de même »
Les premières maisons auraient été construites sur les deux rives d’ Oued Djedi (celui-ci, étant une longue rivière, prenant naissance à plusieurs centaines de km à l'ouest) durant le 16°siècle, période de l'occupation turque. Leur nombre ne dépassait pas la quarantaine et leur situation était à 400 km au Sud Est d'Alger et de la Mer Méditerranée.
Ce hameau attira, petit à petit, des familles venant des régions voisines, cherchant la sécurité, une vie sociale et la stabilité. Ce qu'elles trouvèrent sans doute, puisque la ville compte aujourd’hui, plus de 70.000 h. (10.000 en 1962).
En se développant grâce à sa composante humaine, constituée de citadins et de nomades tout autour, cette ville a toujours représenté le lieu où vivent plusieurs tribus, avec des cultures quelque peu différentes, en parfaite harmonie, constituant le bled des7« Aarouchs »et « Enekhla Ouerekhla » et confirmant les dires du poète : « Jellala, Watn El-mahabba »
L'atmosphère humaine que l'on retrouve, en y vivant, crée un climat très attachant et plusieurs témoignages d'étrangers, y ayant séjourné, confirment ce sentiment d'hospitalité, de bonté innée et d'ouverture sociale vers l'autre. Combien de gens, ayant quitté la ville, après y avoir résidé plus ou moins longtemps, ont exprimé leur grande tristesse en repartant.
2-Culture et Société
On peut dire que cette ville a été un des berceaux de la culture arabo-musulmane, de par ses Zaouias (Echorfa, Lemàamra, L’mokhtaria, etc...) et écoles coraniques annexées aux mosquées. Il faut citer Zaouiet El hamel (Kassimia) très liée à Ouled-Djellal, qui a été le prolongement d'El Mokhtaria et qui a instruit toute une génération. Cette respectable Institution a été servie successivement, de père en fils, par la noble famille Kassimi, représentée parmi nous aujourd'hui, en la personne de Mr le Consul Général d'Algèrie, qui nous a honoré de sa présence. Qu’il en soit vivement remercié.
L'association des Oulemas de Cheikh BenBedis a également été présente, par le fils même du bled, El allama Med ben El âabed Smati qui fut un grand enseignant, aussi bien dans le domaine du savoir que dans celui de l'humilité qu'il incarnait fortement.
Durant les années 70-80, et, à plusieurs reprises, les jeunes lauréats à la psalmodie du Noble Coran, à l'échelle nationale, provenaient de cette ville et ce, grâce aux écoles coraniques fréquentées par la plupart des enfants. L'école française a également eu sa part dans l'instruction et la réussite de nombreux universitaires qui ont transité par le célèbre Lycée Franco-Musulman de Constantine et qui sont devenus à l'indépendance, les premiers administrateurs, médecins, ingénieurs et autres cadres.
Parallèlement à cette culture et ce culte très développés localement, le Jellali a toujours montré une prédisposition sociale pour l'ouverture au monde extérieur, au voyage, à la diaspora (qui sera évoquée par d'autres collègues) et des performances dans divers domaines. Permettez moi d'en citer quelques uns :
- Le premier Doctorat algérien en Philosophie, à la Sorbonne, est obtenu par M. KORIBAA Nabhani,en 1967.
-Une médaille d'or aux Jeux Olympiques d'Amsterdam, dans le marathon, est obtenue par El Ouafi Bouguera (ou Chikh), en 1928. Cet athlète exceptionnel était d'un milieu défavorisé. Il ne bénéficiait d'aucun contexte sportif qui le préparait à ce niveau.Vivant à O.Djellal au moment où sa mère divorcée, habitait Lioua (à 30km), il lui rendait visite, souvent, mais faisant le trajet aller-retour à pied et en courant. C’est ainsi qu’il est devenu marathonien
sans le savoir. (Un peu comme monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir…) Ce n'est qu'une fois dans l'armée française que l'on remarqua ses capacités athlétiques et qu’il est pris en charge et, rapatrié en France. Là, c'est la vraie préparation de haut niveau qu'il reçut et qui donna le résultat connu.
Ce double exploit, celui du marathon, d'une part, et celui d'avoir écrit le nom de sa ville natale, en lettres d'or, avant tous, d'autre part, mérite à mon sens, bien des égards. J'en citerai un seul : celui d'avoir son nom sur un site sportif (ou autre) dans sa ville, dans d’autres villes et dans la capitale de son pays, comme il en a été à Paris, dans une rue de St-Denis (non loin du Stade de France).
Il vous appartient, Messieurs les Responsables Communaux et Nationaux, d'y songer !
-Un championnat de boxe, en Algérie et en France, obtenu par Allouche Med.
-Enfin, ce que l'on peut considérer comme la cerise sur le gâteau, ou le fruit du hasard, lors de la tentative d'attentat sur le Pdt Chirac, au cours du défilé du 14 juillet, il y a quelques années, tout le monde s'en souvient, le jeune homme qui s'est jeté sur le tireur, est jellali : Il s'agit de Med Chelali, ingénieur en hydrocarbures, vivant au Canada et en vacances à Paris ce jour là, et qui n'est autre que le fils du non moins célèbre Haouès, l' ancien joueur de la JSOD.
3-Economie et urbanisme
Pour ce qui est de l'urbanisme, l'ancienne ville était construite en matériau traditionnel, le toub (terre stabilisée) et keddène (pierre de gypse). Elle avait deux espaces conviviaux ou places, la grande ou « Errahba » où se trouve le grand marché, entouré de magasins et de cafés, face à la grande et ancienne mosquée et où se retrouve tout le monde, tous les jours ; la placette ou
« Errahba Essgheira »,qui réunit un public un peu particulier, qui lui, ne fait pas de commerce, mais discute plutôt politique et de nouvelles en provenance de France, et notamment de Pierre-Bénite et Oullins.
A partir des années 70, et, à l'instar du reste du pays, de nouvelles habitations sont construites avec des matériaux beaucoup plus étudiés et conformes aux normes urbanistiques en vigueur, sur les hauteurs de la localité, donnant lieu à pratiquement, une nouvelle ville, avec de larges espaces verts, magasins modernes, un marché couvert, et des structures publiques, dignes d’une ville moderne (un grand hôpital, des complexes sportifs, des collèges et lycées et autres cités administratives).
Sur le plan économique, les ressources principales ont été au début, constituées par la culture du palmier dattier qui donne entre autres, une variété de datte « Deglet- nour » de renommée mondiale, dont l'exportation est en train de se développer et la culture ovine du mouton dont la race locale est décrite dans les annales (race d'Ouled-Djellal), comme étant l'une des meilleures au monde.
Ensuite, la découverte et l'exploitation du grand gisement de gypse à Deifel, par la plâtrière (investie dernièrement, par le Français, St Gobain), qui emploie actuellement 80 personnes et qui est appelée à se développer davantage, pour offrir un nombre plus important d'emplois, en raison l'importance du gisement, la qualité du produit obtenu et la demande à caractère régional, de plus en plus grande.
Ces richesses naturelles donnent à la ville une renommée nationale. Ainsi, en automne, c'est la ruée d’un peu partout, pour l'achat des dattes. A l'approche de l'Aid el Kébir, c'est une autre ruée, pour l'achat du mouton de l'Aid (le mouton d'O.Djellal) qui va décorer d'abord quelques temps, les cours des maisons, avant d'être sacrifié. Ajoutons à cela, le passage régulier, à longueur d’année, des camions de transport du plâtre, vers toutes les régions du pays, tant la demande est forte.
A ces ressources traditionnelles et limités et vu le développement de la ville, l'Etat, c’est indéniable, assure un grand nombre d'emplois permanents.
Enfin, il est à signaler, qu'après avoir été longtemps, un cul de sac, à partir duquel le visiteur ne pouvait pas aller plus loin, l’endroit est devenu à partir des années 80, un grand axe routier, reliant le Nord au Sud du pays. En effet, un nombre incalculable de véhicules, de toutes catégories, sillonne quotidiennement la ville, dans toutes les directions. Que ceux qui doutent de mes propos fassent le déplacement, ils ne le regretteront pas…