Dadi ben EraïiDadi ben erra 3                                                       “Dadi ben erraii” était-il en avance sur sa société ?

          C'est la question qui me taraude depuis un certain temps. Le constat et l'ampleur du phénomène intra et extra- muros dont le personnage possède les droits d'invention laissent perplexe.

 

         “Dadi ben erraii” était quelqu'un d'atypique. Il avait le don de faire rire le plus naturellement du monde et sans effort, enfants et adultes. Ses propos, ses manières, sa voix, ses gestes, sa démarche, y étaient certes pour quelque chose. Mais là n'était pas l'essentiel : il se situait dans l'accoutrement singulier dont il s'affublait.

 

         Ce pince-sans rire, était un peu comme Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir : lui, faisait la mode vestimentaire futuriste, sans s'en rendre compte. Il était le seul, je dis bien le seul au village, à porter par dessus sa gandoura (vêtement plus connu depuis quelques années sous l'appellation “kamiss” à savoir pourquoi la généralisation de ce néologisme), une veste ; ce qui était extrêmement choquant, mais qui permettait de le reconnaître de très loin, d'autant plus que, “cerise sur le gâteau”, pour mettre la dernière touche au chef-d'œuvre et compléter la panoplie, il ajustait, en guise de couvre-chef, sur une tête rasée, une chéchia rouge pourpre.

         “Dadi” pouvait-il savoir que la tenue vestimentaire qui le singularisait il y a plus de cinquante ans et pour laquelle il était cité en exemple, plutôt péjorativement, allait être portée non seulement sans complexe, mais avec un sentiment indéfinissable par un grand nombre d' hommes de son village et de toutes les villes de son pays ?

 

   B.BOUMEDIEN

 

 

Date de dernière mise à jour : 22/11/2022

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